«Quel sera le sort des derniers des «523» requérants déboutés? Leurs enfants iront-ils à l’école en ce jour de rentrée?»
our de rentrée pour les écoliers! Y compris pour les enfants de ces requérants d'asile qu'on appelle les «523» (aujourd'hui moins de 170). Entameront-ils l'année scolaire? Resteront-ils terrés dans des refuges? Seront-ils, avec leurs mères, délogés par la police malgré le barrage des manifestants et emmenés comme les colons de Gaza?
C'est tout ce que voulait éviter la majorité du Conseil d'Etat, décidée à agir pendant l'été. Pour de multiples raisons, il n'en fut rien, voici donc la situation pourrie, les refuges en effervescence, les Eglises inquiètes, beaucoup de citoyens révoltés et d'autres, très nombreux, indignés qu'on n'applique pas la loi.
Laquelle? La donnée légale elle-même est bouleversée: par la motion Melly, le Grand Conseil interdit expressément au Conseil d'Etat de procéder aux renvois. Est-ce bafouer le droit fédéral? Pas dans la mesure où les expulsions découlent moins de la loi que d'une directive administrative qui l'interprète. Cette dernière oblige-t-elle les cantons «souverains» à exécuter des décisions qu'ils réprouvent?
Le bon sens demande que M. Blocher voie que dans cette affaire il apparaît comme le bailli, ou «juge étranger», qu'il déteste tant. Mais d'abord que les quatre conseillers d'Etat de centre-droite décident que doit cesser cette situation délétère, qui divise la société et mine le gouvernement; les trois minoritaires ne pourront pas s'en tenir à une pseudo-rupture de collégialité. Ils ont laissé l'été à leurs collègues, il est temps de panser cette plaie. Régulariser.
Pour mieux s'occuper des vrais problèmes du canton, plus graves que 170 habitants de plus ou de moins. Et, afin d'éviter de nouveaux drames (in) humains, s'assurer qu'on saura dorénavant donner aux nouveaux requérants des réponses rapides, justes et dignes sur le sort qu'on leur réserve.
JACQUES POGET, rédacteur en chef de 24 Heures