«Bien sûr, Mermoud n'est pas Hitler. Mais s'il peut se comporter comme il le fait, cela est dû au silence des autres membres du Conseil d'Etat»
«Rien à dire sur Hitler» commentait le journaliste autrichien Karl Kraus en 1933…, mais tant de choses à dire sur les intellectuels qui ont accepté sans difficulté et même demandé le sacrifice de l'intellect, préparant librement le terrain à l'ensevelissement de l'humanité.
Bien sûr, Mermoud n'est pas Hitler. Mais s'il peut se comporter comme il le fait, cela est dû au silence des autres membres du Conseil d'Etat. Mermoud n'est que l'arbre qui cache la forêt de la lâcheté des six autres.
Les barbares sont parmi nous. Aujourd'hui, une femme sortant à peine d'un hôpital psychiatrique, hospitalisée pour traumatismes graves, avec un mari et une petite fille de 2 ans et demi, reçoit des sbires de Mermoud une prolongation d'«une» semaine avant son expulsion. Le certificat médical se serait perdu… A la semaine, au mois, on prolonge le suspense odieux. Sadiquement, le chantage à l'expulsion par la force des centaines de personnes qui vivent chez nous, la plupart depuis longtemps, et qui n'ont comme seul crime celui d'exister…
L'obscénité, la lâcheté de notre gouvernement.
Je suis assis à mon bureau à quelques kilomètres de là. Et pendant ce temps-là, un homme, une femme, une petite fille tournent en rond dans leur cage - leur seul Refuge - en espérant toujours pouvoir vivre dignement. Nous sommes nombreux dans cette situation: comme si les gendarmes sonnaient à 4 heures du matin à la porte de nos voisins de palier. Que faire, les mains nues devant la force des barbares. Les socialistes pérorent, font des effets de manches, mais laissent la barbarie s'installer. Les Eglises parlent, mais dans le désert. Peu à peu, la peur, l'indifférence l'emportent.
Et au Château, le grand Liquidateur attend les vacances d'été pour «liquider» les requérants d'asile.
Savoir dire à haute voix Non. Publiquement.
Où êtes-vous Maillard le «socialiste» qui dit à une de ses camarades de parti «j'ai bien autre chose à faire»? Alors qu'il suffit de dire non, halte.
Et vous Rochat dont on nous dit que vous êtes chrétien pratiquant? Votre texte sur la distinction à opérer entre le fait de pénétrer par la force dans une Eglise ou dans une salle de paroisse m'incite à penser que vous êtes plus jésuite que les jésuites.
Et vous Broulis, le Grec, vous vous taisez pour vous faire accepter comme un bon Suisse? (Etre un bon Suisse pour Blocher c'est être d'accord avec lui).
Et vous Marthaler, qui comme étudiant décidiez d'arrêter vos études pour ouvrir une boîte autogérée (la bonne combine…). Le tunnel de Glion vous accapare-t-il au point d'oublier que les Verts défendent certaines idées?
Quant à vous, Mesdames, à votre silence, faut-il vous croire femmes soumises, vous voilant la face et travaillant - me dit-on - en «secret», reproduisant par là le rôle effacé de la femme au foyer… sans commentaire? Je ne voudrais pas le croire. Mais il est peut-être vrai que certain(e) pense déjà au Conseil fédéral…
Et pendant ce temps, Mermoud, profitant de la lâcheté des autres, pourquoi le lui reprocher, obéit à son chef, son complice Blocher, qui - au moins lui - a le courage scandaleux de mettre en pratique ce qu'il pense, sous le regard bienveillant et le silence des Couchepin ou autre Calmy-Rey.
Seul devant le marais consensuel des lâches. La barbarie s'installe peu à peu, dans une société où la peur l'emporte sur la raison et le cœur.
Adieu la démocratie politique, bonjour la lâcheté, le silence inquiet des faibles, le silence poli devant la souffrance des autres.
Et pendant ce temps-là, le «socialiste» Chiffelle, celui qui a passé le contrat d'expulsion avec Blocher, touche, lit-on dans les gazettes, quelque 120 000 francs par an pour les services rendus à la démocratie…
Non, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas. C'est ainsi que s'écrit l'histoire d'une démocratie qui a perdu ses repères moraux et politiques.
C'est beau la Justice, la Démocratie politique.
Vaudois, encore un effort! Demain sera un nouveau jour…
Francois Masnata, sociologue