Jacques Poget, rédacteur en chef du journal décrit ainsi le projet:

Deux «calendriers de l'Avent» dès aujourd'hui dans ce journal. A celui, festif, de notre Club 24, débordant d'offres alléchantes, de petits cadeaux et de beaux prix, fait pendant celui que notre rédaction a préparé avec les Eglises catholique et protestante, autour de la vie des requérants d'asile.

Pas d'abstraction, mais des situations vécues; pas d'effets de manches sur «la problématique» mais des problèmes quotidiens. Chaque jour nous ouvrirons une petite fenêtre, sous le titre «Parole de requérant», sur des réalités toutes simples. Manière de nous souvenir de cette population qui végète parmi nous, impuissante et presque invisible.

Car le débat n'est pas tranché entre le Conseil d'Etat, notoirement divisé, et les députés qui ont voté, à une courte majorité, la motion Melly interdisant le renvoi de ceux qu'on appelle les «523». En attendant que les politiques cantonaux aient choisi la manière - froide ou humaine - de résorber cet abcès historique que l'Office fédéral des migrations ne veut plus tolérer, ces hommes et ces femmes vivent dans l'angoisse. Qui peut s'imaginer ce que cela signifie au jour le jour?

Ce pays, façonné comme tous les pays par les vagues d'immigration et d'émigration, par l'assimilation et les échanges qui sont le flux vital des sociétés, se doit de trouver le moyen de tourner dignement cette page déshonorante. Dogmes et théories ne sont pas des repères suffisants, il faut savoir plus concrètement de quoi on parle. Pour reprendre sereinement la réflexion, faites chaque jour connaissance avec un être humain jusque-là caché par son étiquette de «requérant»: une personne bien vivante, avec ses qualités et ses défauts, ses réussites et ses erreurs. Comme l'écrivait Sartre de lui-même: «Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui.»